Abstract

Cet article apporte, pour la première fois, des arguments confortant l'identification de l'emporion de Pistiros, attesté épigraphiquement dans la « Grande inscription » du village de Vetren, avec le site archéologique d'époque classique et hellénistique de la région d'Adžijska Vodenica, situé à 2 km de l'endroit où l'inscription a été trouvée. Les éléments en faveur de cette identification sont les suivants : 1) la relation entre l'emplacement de l'inscription — de l'autre côté de l'ancienne « Voie diagonale » reliant Byzance à Serdica, près des ruines de la station romaine de Bona Mansio — et la vocation historique de Vemporion durant le règne de Philippe II de Macédoine ; 2) la tradition antique du nom de Pistiros jusqu'à son dernier avatar : Kapisturia ; 3) l'étymologie du nom Pistiros/Bistiros, toponyme que l'on trouve près d'une vaste étendue d'eau ; 4) l'interprétation de l'hapax epaulistes comme désignant un envoyé du roi thrace qui était obligé de passer la nuit avant le défilé de Succi (aujourd'hui Porte de Trajan) avant de poursuivre son chemin vers l'Ouest le lendemain ; 5) la localisation des Emporta Belana, d'après l'inscription, au pied du versant Sud du mont Orbélos (aujourd'hui Mt Belasitza). Historiquement Xemporion de Pistiros peut être identifié avec le chorion Masteira, mentionné par Démosthène. Des données sûres le concernant nous ont été transmises par l'historien Anaximène de Lampsaque. On tente aussi, pour la première fois, de localiser le chorion Drongilon, à partir de l'ancienne forteresse de Dingion dans la moyenne vallée de l'Hébros. L'article donne enfin une interprétation nouvelle du terme Thraces tetrachoritai, qui désignerait la zone d'occupation macédonienne à l'intérieur de la Thrace, où les quatre garnisons de Philippe II (Drongilon, Kabyle, Philippopolis et Masteira) furent en butte à la révolte. Du point de vue chronologique, cette zone fut établie au moins en deux étapes : en 352/1 et 342/1 av. J.-C.