L'appropriation critique d'Aristote par Diodore

Gnosis 12 (1):1-14 (2011)
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Abstract

Face aux tentatives des logiciens de démontrer la validité ou l'invalidité du Maître-argument de Diodore Kronos en s'empressant de déclarer un gagnant à l'argumentaire opposant le philosophe de Mégare à Aristote, nous esquissons par ce présent article une analyse globale du dogme diodoréen qui considère l'ensemble des témoignages antiques répertoriés sur sa pensée, permettant de dresser un portait cohérent d'une pensée positive qui le plus souvent n'est considérée que de façon éristique. Cette approche permet de mettre en lumière les assises dogmatiques du Maître-argument, notamment en relation avec les arguments sur les corps sans parties ; si le monde physique est composé d'ultimes corps indivisibles et sans parties, ces unités ne peuvent être dans le même lieu et dans un autre lieu au même instant, alors « rien ne se meut » . Si Diodore reprend la thèse éléatique de l'impossibilité d'appréhender logiquement le mouvement, il renouvèle toutefois la tradition mégarique en affirmant l'existence du mouvement achevé, car l'on constate bien qu'un corps est passé d'un lieu à l'autre, et donc qu'il s'est mû! Or nous démontrons que l'affirmation singulière d'un mouvement exclusivement conjugué au passé, et donc jamais soumis au devenir, a vraisemblablement des origines aristotéliciennes. En effet, Diodore semble soumettre certains développements de La Physique à une analyse strictement logique en fondant sa conception du temps dans son unité , là où Aristote privilégiait l'analyse empirique dans une conception continue du temps et du mouvement. C'est donc à partir de cette divergence fondamentale d'approche épistémologique qu'il faut comprendre le débat sur le possible. En définissant le mouvement comme « l'acte de l'étant en puissance » , Aristote pense le possible à partir des possibilités ontiques de la substance , tandis que Diodore, en identifiant le possible à l'acte, évite le danger de spéculer sur des possibles qui ne se réalisent pas et ainsi de confondre être et non-être; or en distinguant le possible et le nécessaire, il dément la tradition qui lui attribuait un simple nécessitarisme et renouvèle véritablement l'ontologie éléate. À partir de développements préliminaires de Robert Muller, ce présent article démontre ainsi la pertinence d'interpréter la pensée diodoréenne comme une ontologie du dévoilement rendue possible par une critique et une appropriation mégarique de la pensée aristotélicienne

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