Abstract
Du point de vue philosophique, il est difficile de classer la doctrine de Simone Weil. Il s’agit d’une pensée qui s’efforce de réunir un Platon dont la théorie de la connaissance aurait reconnu le domaine du travail, et un Marx qui aurait été un matérialiste tenant compte de la réalité du surnaturel. À bien des égards, Simone Weil apparaît comme la dernière philosophe du travail, dans la mesure où elle estime que, sous sa forme sociale et collective imprimée par la grande industrie, le travail doit rester l’activité dominante dans l’existence de l’individu et dans la vie sociale. Il faut toutefois, dans les conditions qui sont les nôtres, inventer un régime nouveau du travail, qui soit non servile. Comment une telle philosophie peut-elle aider à poser les questions relatives à la place du travail aujourd’hui, place discutée, contestée, en raison des « métamorphoses » qu’il subit – analysées par André Gorz –, sans oublier l’hypothèse selon laquelle nous vivons la « fin du travail »?