Expérience perceptuelle et contenus multiples
Abstract
Mon intention est de discuter quelques aspects du débat actuel sur la perception qui oppose les partisans du conceptualisme (essentiellement John McDowell et Bill Brewer) aux partisans du non-conceptualisme (Fred Dretske, Gareth Evans, Christopher Peacocke, Michael Tye, Tim Crane, José Luis Bermúdez, Adina Roskies et d?autres). Je commencerai par fixer le cadre théorique du débat, par clarifier son enjeu et par retracer brièvement son origine. Ensuite, je mettrai en évidence une difficulté majeure de la position conceptualiste. Pour finir, j?examinerai l?une des approches qui me semblent les plus prometteuses pour décrire adéquatement la manière dont fonctionne le mécanisme référentiel de la perception et le rôle des contenus non conceptuels au sein de ce mécanisme. Cette approche se présente comme une variante de la thèse des « contenus multiples » (voir Siegel 2010, section 3.5). Selon cette variante, le contenu total d?une expérience perceptuelle doit être construit comme un contenu complexe, composé de plusieurs couches ou plusieurs strates distinctes. En d?autres termes, l?approche qui m?intéressera ici consiste à admettre l?existence de contenus perceptuels à plusieurs niveaux ou de ce que l?on appellerait, en langue anglaise, multi-levelled perceptual contents . Une telle conception peut être rattachée exemplairement, dans le paysage philosophique des vingt dernières années, à la position de Christopher Peacocke