Abstract
« On tend à définir aujourd’hui la Théorie critique de l’École de Francfort comme une philosophie sociale proposant un “diagnostic” portant sur des “pathologies sociales”. Or ces termes recouvrent en réalité une pluralité de démarches. Le propos de l’article est d’en interroger la continuité, depuis la position de Horkheimer et Adorno pour lesquels le mal social est plutôt identifié à la barbarie ou à l’irrationalité, les maladies psychiques de l’individu étant l’indice d’un tout social malade, jusqu’à l’analyse par Honneth des évolutions pathologiques ou manquées du social, qui font état d’obstacles à l’intégration sociale, en passant par l’analyse habermassienne des pathologies. L’article étudie plus précisément deux variantes très différentes de l’analyse du rapport entre le normal et le pathologique, selon que la pathologie est prise en un sens métaphorique ou plus littéral. Dans chaque cas, la question de la thérapeutique se pose différemment. »