Abstract
La question logique qui se dresse à l’entrée de chaque métaphysique de l’histoire, peut être formulée en ces termes : Les moyens transcendentaux d’une théorie de la conscience divine ou absolue, sont-ils capables de comprendre toutes les dimensions de l’existence historique, si cette conscience absolue, générale est considérée comme n’étant rien que pensée? Pour la pensée, le temps est toujours vu à travers la mémoire, parce qu’il est temps immanent, représenté. L’action, au contraire, se trouve rapportée à un temps transcendant. Concevant l’histoire avec la seule logique de la conscience divine — ce qui veut dire : comme révélation — on suppose que tout l’avenir peut être projeté dans un sens isomorphe sur la durée du souvenir. Ceci pourtant est impossible, parce que, en projetant l’un sur l’autre, la mesure de la mémoire serait préférée arbitrairement à celle de l’expression — sans qu’on puisse en donner raison. En conséquence de l’incommensurabilité du temps de la mémoire et du temps transcendant, la conscience agissante ne peut jamais être mise en congruence avec la pensée, et ainsi une logique métaphysique ne peut jamais suffire, à elle seule, comme science fondamentale de la métaphysique de l’histoire. La conscience raisonnante et la conscience pratique, ayant des relations différentes avec le temps, ne peuvent être considérées comme sujet identique que dans une dimension indifférente à l’écoulement du temps. C’est pourquoi nous avons besoin d’une troisième science transcendentale, celle du rapport de la conscience au temps, qui lierait les deux dimensions du temps dans une définition de la réalité, indifférente à l’écoulement du temps. Le présent est cette réalité-là.