Abstract
Résumé La fascination pour la mesure, que représente l’évaluation quantitative dans le domaine écologique, occulte le fait que le choix des éléments à mesurer est subjectif et qu’en aucun cas la scientificité ne vient directement de l’observation de l’objet. J’en donnerai la preuve dans trois catégories qui regroupent l’ensemble du sophisme scientifique que constitue l’évaluation : le suivi d’un objet technique simple, avec l’exemple du progrès mesuré dans l’évolution du couteau et d’autres objets, l’histoire quantitative d’un fait naturel, le réchauffement climatique, la chronique d’un indicateur qui est lui-même un concept, l’empreinte écologique. L’évaluation est bien un mode privilégié de connaissance de la technocratie « info-com ». Et la question environnementale a mis ce mode au centre du débat. Fondée sur la recherche obsessionnelle de la mesure, elle fait partie des instruments de connaissance qui nous enferment dans le monde techno-scientifique et participe à la fabrication de la modernité dans toute sa puissance aliénante, celle de l’hypersauvage contemporain.