Abstract
Résumé Le théâtre contemporain voit se détacher progressivement la représentation théâtrale du texte dramatique et se tourner vers les multiples incarnations d’un « théâtre du langage ». Jean-Luc Lagarce est un des meilleurs représentants de ce genre de théâtre en France à la fin du XXème siècle. Le dialogue théâtral – l’ensemble des répliques qu’échangent les personnages – tend à être de plus en plus brouillé, rompu, allant jusqu’à franchir les frontières qui séparent traditionnellement d’autres formes discursives, comme le monologue ou la didascalie. Le dialogue présent au sein de la dramaturgie de Lagarce est habité par son négatif, par une sorte de démon qui provoque la perte de l’évidence du langage et fait naître une étrangeté forte dans les mots simples de tous les jours. Il questionne ainsi la capacité communicative du langage comme un outil humain inné et met en évidence l’échec des échanges langagiers entre les hommes mettant ainsi au jour l’inconnu du langage et l’inconnu de la société. Nous proposons ainsi que l’échec communicatif est un concept constructif de la dramaturgie française contemporaine et surtout de la création dramatique de Jean-Luc Lagarce qui englobe et fait naître l’intrigue, qui dirige l’action décentralisée vers l’acte de parole et qui crée véritablement les personnages dont un habitat naturel est la parole « en faillite », en question.