Abstract
À travers l’analyse de certains aspects du langage de Leonardo Bruni, et en particulier de son utilisation de « popolo » et de « res publica », nous essayons de comprendre dans quelle mesure la politique des premiers humanistes est restée ancrée dans le passé récent de la ville de Florence, malgré les nouveautés idéologiques évidentes (et sans tenir compte de celles d’ordre stylistique et littéraire). En effet, Bruni semble avoir hérité l’idée de la primauté et de l’unité du peuple florentin directement des discours des juristes du XIVe siècle. Par ailleurs, la « respublica»s’avère être, dans ses discours, à la fois une notion tout à fait traditionnelle et l’emblème du processus d’essentialisation d’un peuple reconstitué dans sa dimension universelle grâce à l’expulsion définitive du conflit de l’horizon des possibles. En même temps, en dialogue avec Claudia Moatti notamment, nous essayons de voir comment, avec quels outils, certaines recherches sur l’histoire romaine permettent de saisir les métamorphoses du « peuple » dans une période beaucoup plus tardive.