Abstract
Dans son De abstinentia, cette fervente apologie du végétarisme, Porphyre s'élève nécessaire pour pouvoir vivre „selon l'esprit”. Notre esprit est par sa nature „impassible”, disent-ils, et son activité n'est même pas entravée par les affections sensibles que nous éprouvons. Il ne faut donc pas se soucier de ce qu'on mange : tout cela est indifférent à la vie de l'esprit. Cette conception a corrompu même beaucoup de „barbares” : par mépris de ce monde ils se sont jetés sur tout forme de plaisir pensant qu'ils ne peuvent être souillés par aucune chose matérielle à cause de „la profondeur de leur liberté”. Ces barbares critiqués par Porphyr sont des gnostiques, comme on peut le démontrer par plusieurs textes parallèles. La mêmes critique de leur indifférentisme éthique se rencontre déjà chez Plotin (II, 9). On ne peut pourtant nier qu'il y a une certaine ressemblance entre la conception gnostique et la doctrine plotinienne de l'âme. Pour Plotin l'âme ne descend jamais tout entière dans la génération : sa partie supérieure reste „en haut”, toujours pensant et impassible. Probablement, il y avait des gens dans le groupe de Plotin qui associaient ses idées à la conception gnostique de l'esprit „inaltérable” et en tiraient les mêmes conséquences amorales. Ce sont eux qui sont visés par Porphyre dans De abst., I, p. 113-118