Le matérialisme que ce livre interroge et construit n'est pas une « philosophie », mais la condition de possibilité et l'outil de la connaissance objective. Historiquement, il se confond, de fait, avec l'élaboration de la science moderne s'affranchissant graduellement des contrats de parole qui l'asservirent longtemps à la métaphysique et à la théologie. Comment cette émancipation s'est-elle effectuée en des temps où une croyance instituée dictait sa loi théologico-politique aux efforts de la connaissance en leur imposant a priori la limite (...) de l'Inconnaissable? Comment d'autre part, face à cet affranchissement toujours inachevé, une métaphysique résiduelle impose-t-elle encore aux artisans de la connaissance objective, sans qu'ils s'en doutent, des cadres, des frontières, des démarches et des représentations? Ce livre montre qu'une analyse savante des complexes de discours dans l'histoire, à travers ce qu'elle explique du passé, peut permettre de comprendre et d'améliorer ce qui constitue proprement aujourd'hui l'acte de connaître. De redéfinir la « conscience ». De sortir des leitmotivs exténués sur le « hasard ». De penser plus authentiquement la singularité émergente du vivant. De s'éloigner d'un modèle strictement nécessitariste du « déterminisme ». De sortir des impasses avérées du réductionnisme. De résoudre les contradictions tacitement acceptées entre matérialisme et morale, ou entre déterminisme et conduites autonomes. D'entrevoir l'origine du symbolisme. De comprendre la nature originellement et fondamentalement politique de la religion. De penser l'articulation évolutive entre « nature » et « civilisation », et un lien cohérent et critique entre sciences de la nature et sciences de la société. D'identifier les comportements discursifs récurrents de ce que l'on nomme l'« idéologie ». Et d'édifier sur de nouvelles bases une histoire naturelle et sociale de la liberté. Revenant sur une part essentielle de son oeuvre, Patrick Tort invite ici à une véritable réforme logique de l'initiative de connaissance, et, simultanément, à instruire la méthode capable d'éclairer les mécanismes qui la favorisent et la combattent dans l'univers infini des discours. (shrink)

In order to leave our debate open, it is important to end with a potentially crucial encounter between two domains whose representatives have not yet engaged in direct dialogue. Epistemology and anthropology, indeed, have many ideas to exchange and interactions to stimulate, particularly insofar as both of them consider the relations between a science of nature and a science of humankind.

Contemporary bio-ethics shares with the ancient tradition of natural theology the characteristic of assuming, in the face of the advances of a fundamentally materialist science, an opportunistic function, which is that of the adaptive rescue of spiritual values. Bioethical humanism exists only in the process of this perpetual movement of repossession, and its effort, established to this effect, leads back incoherently to the interminable dualistic confrontation between science and conscience, having failed to take upon itself the task of constructing a (...) rationally-informed thinking on the relationships between the order of development of positive knowledge and the order of development of moral feelings, both in human evolution and in the history of societies. These matters hardly concern today's fashionable philosophers, whose dominant preoccupation seems to be to find a still-unfilled job - something between an esoteric magus and a preacher in vogue - on the great stage of the inessential upon which inconsequential thought is exhibited. (shrink)

Patrick Tort, An lntroduction to Darwininian Anthopology. An lnterview with Georges Guille-Escuret. - Recalling how his book La pensée hiérarchique et l’evolution had, in 1983, reoriented the field of the interpretation of Darwinism, P. Tort contrasts “social Darwinism”- which was wrongly thought to be its consequence -with the very different truth represented by the anthropology of Darwin, which opens new perspectives for reflexion on the nature/culture and nature/society relationships. For over a century, this truth was not perceived, not even by (...) Marx and Engels. The selft-eliminating process of selection which takes place within “civilized” societies, is calles by P. Tort the reversive effect of evolution. The method used in this work -the analysis of discursive complexes- should make is possible, through its later developments, to resolve, notedly in matters of classification, a certain numbers of key problems that have been raised by the traditional or estructuralist approaches to the “history of ideas”. (shrink)