Le concept d' Umwelt est souvent considéré comme l'équivalent allemand du concept français de « milieu ». En revenant sur l' apparition du concept scientifique d' Umwelt au début du XXe siècle, nous souhaitons mettre en évidence sa genèse polémique et le fait qu'il est, contre toute attente, le résultat d'un rejet du concept de milieu. Pour le géographe F. Ratzel et le biologiste J. von Uexküll, ce concept était en effet indissociable de la théorie de Taine. Beaucoup trop déterministe (...) à leurs yeux, elle renforçait le monisme matérialiste qui se développait alors en Allemagne et auquel ils souhaitaient mettre un terme. (shrink)

Gilles Deleuze, Felix Guattari, and Isabelle Stengers fought against a state-controlled form of science and saw “nomadic science/concepts” as a way to escape from it. The transnational history of the term milieu marks a good opportunity to contribute to another theory of nomadic vocabularies. Traveling from France to Germany, the word milieu came to be identified as a French theory. Milieu was seen as an expression of determinism, of the connection between the rise of the natural sciences and the rise (...) of socialism, and it deterred the majority of German academics. Umwelt was thus coined as an “antimilieu” expression. This article defends a “transnational historical semantic” against the Koselleckian history of concepts and its a priori distinctions between words and concepts. Instead of taking its nature for granted, a transnational historical semantic investigation should analyze the terminological and national status given to the objects of investigation by the term's users. (shrink)

L’histoire de l’importation du terme de « sociologie » dans l’espace germanophone n’est pas celle d’une appropriation heureuse et spontanée. Il a été le plus souvent évité ou utilisé entre guillemets. Pour comprendre ce rapport passionné à la « sociologie », cet article propose une enquête de sémantique historique transnationale qui part d’un relevé bibliométrique des titres de livres incluant ce terme, publiés en allemand jusqu’en 1908 (création de la « société allemande de sociologie »). Comte y apparaît comme un (...) spectre qu’on cherche à repousser. Les connotations socialistes françaises et la proximité imaginée entre la sociologie et les sciences de la nature expliquent la méfiance au long cours des savants germanophones à l’égard de ce label. (shrink)

Psychologues et philosophes partagent une même lecture de l'histoire de la psychologie selon laquelle le recours aux mathématiques pour constituer une psychométrie au XIX e siècle aurait été l'indice évident d'une séparation définitive entre psychologies scientifique et philosophique. Le présent article montre que le projet d'une psychométrie est nettement plus ancien et qu'il est au contraire né dans un espace des savoirs dans lequel métaphysique, mathématique, optique et physiologie n'étaient pas séparés. Both psychologists and philosophers share a very same reading (...) of the history of psychology according to which the recourse to mathematics in order to build psychometrics in the 19th century were to have been the obvious indication of an outmost separation between scientific and philosophical psychologies. This paper shows that the project of a psychometrics is far older, born as it was in an environment of knowledge in which metaphysics, mathematics, optics and physiology were not separated. (shrink)

Défendre Auguste Comte contre ses détracteurs les plus célèbres à l’époque : tel est l’objectif que se fixe le jeune docteur Heinrich Waentig dans Auguste Comte und seine Bedeutung für die Entwicklung der Socialwissenschaft (Auguste Comte et son importance pour le développement de la science sociale). C’est particulièrement le cas dans le chapitre ici traduit. Waentig y répond à Wilhelm Dilthey, professeur de philosophie à Berlin et à Carl Menger, professeur d’économie à Vienne. Le premier a...

The shadow cast by National Socialism over the German academic world, and Koselleck’s close relations with the Nazi lawyer Carl Schmitt, constitute a challenge for a historical inquiry of Koselleck’s historiography. To address this challenge, I propose a ‘close contextual reading’ of an article published in 1965 (‘Geschichtliche Prognose in Lorenz von Steins Schrift zur preussischen Verfassung’) in which Koselleck puts forward one of his major diagnoses of how the conception of history had evolved since 1750. This article praises Lorenz (...) von Stein (1815–1890), a German public administration scholar and lauds him as a model after the French Revolution. 15 years later, Koselleck showed how much he valued this article by including it in his historiographic manifesto: Futures Past: On the Semantics of Historical Time (1979). To try to grasp the meaning and the historiographical, academic, and political issues raised by this diagnosis, I will start from the text, from the portrait that Koselleck draws of the historian in it, from its paratext, its references, its editorial history. As a result, this article proposes a specific way of contextualizing, and highlights the extent to which the label ‘theory’ represented a battleground in West Germany in the 1960s and 1970s. (shrink)