Abstract
Mon évasion (2008) de Benoîte Groult est une autobiographie de femme qui s’inscrit non seulement dans l’histoire du féminisme, mais représente ici une féminité complexe et nuancée constituant l’axe du développement de la personnalité et aussi une certaine manière de se raconter. La femme y est généralement représentée à travers ses relations humaines, en tant que membre d’un « couple ». Cette nouvelle manière (féminine ?) de se raconter a aussi des conséquences sur l’écriture : outre l’alternance constante entre le récit et le discours du narrateur, la discontinuité structurelle (insertion des interviews, réécriture d’une bande dessinée), et les problèmes de dénomination du personnage, le texte de Groult présente des emplois variés des temps verbaux et des pronoms personnels : en fait, on y trouve des passages écrits au passé composé, au présent, au passé simple combinés aux pronoms personnels à la première, à la troisième ou à la deuxième personne. Il s’ensuit que l’espace autobiographique de Mon évasion revêt une complexité inédite : récit, interviews, bande dessinée et une photo sur la couverture contribuent tous, en tant que supports variés, à une pluralité des temporalités qui amènent de nouvelles formes des représentations de la féminité