Abstract
Julien Deonna et Fabrice Teroni Cet article explore l’intuition hédoniste convaincante selon laquelle les émotions affectent le bonheur parce qu’elles sont des états de plaisir et de déplaisir. La discussion s’intéresse à deux contraintes sur une version plausible de l’hédonisme et explique quels récits des émotions satisfont ces contraintes. La section 1 s’articule autour de la contrainte de non-aliénation : les constituants du bonheur d’un sujet doivent l’engager. Nous soutenons que l’intuition selon laquelle les émotions ont une valeur prudentielle présuppose que les émotions sont des formes d’engagement, une condition que seules certaines conceptions des émotions satisfont. La section 2 est centrée sur la contrainte de l’unité: si nous reconnaissons une grande variété de (dé)plaisirs, nous devons encore comprendre ce qui en fait des (dé)plaisirs. Concevoir les émotions comme des formes d’engagement, soutenons-nous, permet de résoudre les difficultés concernant la variété et l’unité des (dé)plaisirs qui pèsent sur l’hédonisme traditionnel. Dans la section 3, nous défendons la forme d’hédonisme affectif qui se dégage de ce qui précède. Nous soutenons que cette approche peut être étendue des émotions à d’autres états affectifs et que le rôle central que nous donnons aux tendances à l’action dans notre conception de l’affectivité ne remet pas en question l’idée selon laquelle les émotions contribuent au bonheur en raison de leur valeur hédonique.