Abstract
Les passions constituent au sein de l’anthropologie sceptique de Montaigne un milieu naturel où chacun doit puiser les ressources nécessaires pour se déterminer à agir. Tel est le paradoxe de leur traitement dans les Essais : loin de constituer un obstacle à surmonter, celles qui circulent entre l’âme et le corps, tant qu’elles conservent leur assise matérielle, contiennent la propension des esprits trop vifs à vouloir s’affranchir de l’humanité, et de manière plus générale, entretiennent une saine agitation qui permet de renouer avec un mode d’être où le corps, réhabilité comme guide de l’existence humaine, alimente le désir d’y persévérer.