Abstract
L’article offre une réflexion sur la place de la langue dans l’écriture de l’histoire. La première partie rappelle l’influence récente de la linguistique sur les historiens, et évoque de manière critique les principaux travaux qui s’en sont inspirés. La deuxième partie définit le projet singulier d’une logopolitique, qui propose trois approches conjuguées : formaliste, qui consiste à travailler sur le concept initial d’une notion ; discursive, qui, mettant au jour les conflictualités d’un moment, s’attache à analyser la construction d’un discours dominant ; praxéologique, qui étudie les relations entre les mots et les pratiques politiques des différents acteurs. Dans la troisième partie, l’auteure rappelle certaines conclusions obtenues, selon cette méthode, dans son livre sur la res publica : elle montre notamment que la définition de cette notion originellement indéterminée a constitué un enjeu essentiel dans les conflits politiques de la fin de la République romaine, puis, comment res publica a servi de principe de légitimation aux empereurs, notamment contre toute menace intérieure, avant d’être utilisée à partir du IIIe siècle de notre ère comme concept civilisationnel.