Abstract
Cette publication examine les rapports entre la puériculture d’Adolphe Pinard et le solidarisme théorisé par Léon Bourgeois. Dans une tentative de constitution d’une forme d’eugénisme pensée comme progressiste et humaniste, Pinard noue l’eugénisme qu’il développe avec les impératifs de justice sociale promus par ce dernier. En découle, d’une part, la subordination de la puériculture à des principes d’égalité et à des droits fondamentaux pour tous les individus et, d’autre part, l’idée d’une nécessaire amélioration biologique de la population comme condition de l’extension de la liberté et de la solidarité. La première partie de l’article établit un rapprochement entre les deux auteurs, sur la base du paradigme néo-lamarckien sur lequel ils s’appuient, et détaille les modalités et la finalité du solidarisme. Une deuxième partie examine la nature de l’assimilation de la « religion de l’humanité » à la solidarité, qui entraîne à la fois la défense d’un amour à l’échelle collective, mais également la sacralité de la vie des « anormaux ». Une dernière partie décrit les leviers d’inspiration solidariste envisagés par Pinard pour prévenir la dégénérescence de l’humanité. Ils reposent sur une redéfinition des critères d’évaluation de la valeur de la fonction sociale de l’individu et s’exercent sur, d’une part, la famille et, d’autre part, les femmes eugéniques.