Abstract
L'amor erga Deum étudié dans la proposition 15 d'Éthique V et l'amour intellectuel de Dieu étudié dans les propositions 32-33 sont en réalité un seul et même amour. Mais, dans le premier cas, cet amour est considéré globalement, sous tous ses aspects, y compris chronologiques; dans le second, au contraire, il est considéré dans sa seule nature, abstraction faite de ses aspects événementiels, et cette réduction met en lumière le petit noyau d'autonomie absolue qui constitue ce qu'il y a en lui d'éternel. Le second amour est donc la partie éternelle du premier. Cet article le montre à partir d'une étude détaillée de la façon dont ces deux amours sont déduits par Spinoza. Mais, pour assurer la cohérence de cette déduction, il faut admettre que tout affect, y compris passionnel, implique une participation plus ou moins confuse à la béatitude éternelle. The amor erga Deum studied in proposition 15 of Ethics V and the intellectual love of God studied in propositions 32-33 are, in reality, one and the same love. In the first case, however, this love is considered as a whole, under all its aspects, including the chronological; in the second, on the contrary, it is considered in its nature alone, abstracted from its factual aspects, and this reduction brings to light the small kernel of absolute autonomy that constitutes what is eternal in it. The second love is therefore the eternal part of the first. This article shows this identity through a detailed study of the way that Spinoza deduces these two loves. In order to ensure the coherence of this deduction, however, it is necessary to admit that all affect, including the passions, implies a more or less confused participation in eternal beatitude.